Dernière mise à jour : 19 mars 2021
Il y a des journées comme ça dont on se rappelle à vie. Ce jour où j’ai voulu aller à la plage à Dawei, en Birmanie restera gravée dans ma mémoire. Non pas seulement pour les beaux bleus colorant mes jambes en fin de journée, mais pour les sensations fortes qu’elle m’a procurées. Récit d’une journée particulière…
Dawei : la plage paradisiaque rêvée
Pour mon dernier jour en Birmanie, je n’ai qu’une envie, aller m’écrouler sur une plage paradisiaque, à bouquiner, me baigner, dormir. Sauf que j’oublie un détail… je suis en Birmanie ! Et rien ne peut vraiment se passe comme prévu.
Aller à Tayzit en scooter : le cauchemar commence
Je loue un scooter semi-automatique pour la première fois de ma vie (le 3e au total !). Le passage de vitesse n’est pas évident. Mon scooter a la fâcheuse tendance à faire des bonds en avant à chaque changement. Ambitieuse, je décide d’aller à Tayzit, plage réputée pour son sable blanc, à 45 kilomètres de là. La première partie du trajet se passe sans encombre. La chaussée n’est pas très bonne, donc je roule doucement. Je trouve assez facilement le chemin qui mène à la plage. Il est indiqué sur la route venant de Dawei. C’est à ce moment que les choses se compliquent.
Il faut traverser un col. La route n’est plus goudronnée, les virages deviennent serrés, le chemin caillouteux et glissant. Mais la traversée de la montagne offre de sublimes panoramas sur la mer. Au moindre coup de frein, mon scooter dérape. En pleine descente, je n’ai pourtant pas le choix. C’est tout un art de trouver le bon dosage.
Arrivée en bas, je traverse un petit village où le temps semble s’être arrêté. Une dame, fatiguée de marcher par cette chaleur me demande de la prendre avec moi. Et là c’est le drame! Je ne suis pas encore une pro du deux roues, mais ça elle ne le sait pas. Je ne gère absolument pas le démarrage à deux sur l’engin. Je perds l’équilibre, le contrôle du scooter et badaboum ! Nous voilà toutes les deux sur les fesses, ma jambe coincée sous le scooter. Heureusement plus de peur que de mal. La pauvre dame, elle a vraiment dû me prendre pour une folle de touriste qui ne sait pas conduire.
Mon scooter a également dû mal à s’en remettre. Pendant 5 bonnes minutes qui me paraissent une éternité, il refuse de démarrer. Je parviens à repartir. J’ai mal aux jambes, mais il faut avancer. La mer n’est pas bien loin. Je vois la sortie du village. La route débouche sur du sable, gorgé d’eau. On m’indique ma direction, au milieu des plantations de bananes. Je suis dubitative devant le chemin à prendre. Seule perdue au milieu de nulle part. Du sable. De l’eau. Des bananiers. Et rien d’autre.
Je vois enfin un adolescent birman marchant dans la même direction que moi. J’avance, mais les flaques d’eau initiales se transforment peu à peu en rivière. Je les traverse. Mais je n’ai pas mon permis moto cross moi ! Je glisse, je m’enlise, je continue. Mais cette fois, non vraiment je ne peux plus. L’eau est très haute. J’ai peur de noyer mon scooter. L’ado me fait signe d’avancer. J’y vais, peu confiante. Et encore une fois, je perds le contrôle du scooter, qui s’échoue lourdement dans le sable. Moi avec évidemment. Je suis à bout. J’ai mal partout. J’ai envie d’abandonner. J’ai envie de pleurer, mais à quoi bon. Il faut que je me sorte de cette galère. Je fais signe à mon nouvel ami de circonstance de prendre le scooter pour traverser la prochaine marre. Puis de conduire tout court. On arrive devant chez lui où il m’abandonne. Je poursuis seule pour le peu qui me reste à parcourir. En roulant doucement, ça passe. Je suis crevée.
Rencontres d’un jour sur la plage
J’arrive enfin sur la plage, où je suis poursuivie par des dizaines de gamins, curieux, qui rigolent fort et font des blagues que je ne comprends pas. Pas un ne parle anglais ici. Je me sens un peu démunie face à cette bande de joyeux lurons. Certains me paraissent pénibles. Ma nature méfiante reprend le dessus. Qu’est-ce qu’ils me veulent ceux-là ? Je serre mon sac bien fort contre moi. Je n’ai jamais eu le moindre souci depuis que je suis en Birmanie, pourtant je suis sur mes gardes. Moi qui rêvais d’une journée calme, à bouquiner sur une plage déserte… c’est loupé ! J
e vais tout de même tremper mes pieds, histoire de goûter l’eau. Je n’ose pas me baigner devant ce public si nombreux. Ils sont tous dépenaillés et sales. Mais ont un sourire jusqu’aux oreilles. Je leur donne les quelques gâteaux qui me restent. Lasse, je décide de repartir. Je n’ai déjà qu’une envie, rentrer ! J’ai la boule au ventre en pensant à la route du retour qui m’attend.
Au moment de reprendre mon scooter, on me dit que je ne peux plus traverser la plage. L’eau est trop haute désormais. Ils rigolent en voyant ma tête déconfite. Il est midi. Le soleil cogne. Je n’ai plus rien à manger. Je ne peux dépenser le moindre kyat car il me reste à peine de quoi tenir pour le lendemain, mon dernier jour birman. Je suis vraiment à un kyat près. On m’annonce qu’il faut attendre 15h, voire 16h avant que l’eau redescende. Je me mets donc à l’abri, à l’ombre, toujours suivie par une vingtaine de fans birmans. Les enfants de leur côté sont tous partis manger et faire la sieste.
Un vieux baragouinant quelques mots d’anglais, s’installe avec nous. Il m’interpelle sans arrêt à coup de « Hey youuuu !! » très forts. Il enchaîne les bouteilles de bières Myanmar. Il m’en propose une. Je refuse, l’angoisse du retour toujours… Il va chercher de la musique qu’il met à fond. Il danse. Il veut que je fasse de même. Je refuse. Pas envie d’être encore l’attraction du coin, maintenant qu’ils commencent tous à s’habituer à ma présence. Je prends mon mal en patience et me surprends même à m’endormir, allongée sur mon sac. Un autre ado dort également en face de moi, mon casque de scooter vissé sur la tête pour se protéger du soleil.
Quand le soleil commence à descendre, je vais me baigner, toute habillée bien sûr. Les enfants sont de retour. Ils s’amusent dans l’eau. Des touristes thaï sont arrivés entre temps. Je me sens un peu moins seule. Je ne suis plus l’unique étrangère avec un appareil photo autour du cou. Je retourne attendre avec mes camarades du jour.
Vers 15h30, on m’annonce que je peux traverser à nouveau. Puis non. Puis oui. Bon ils ne savent pas, je vais voir par moi-même. J’avance. Je roule sur la plage miroitante au soleil. Mais l’eau est toujours très haute. Je ne peux pas passer. On m’indique de prendre le chemin au travers des plantations, le fameux par lequel je suis arrivée. Je stresse à cette idée. Je ne le sens pas. Le thaïlandais qui repart en pick up, insiste pour qu’une birmane conduise mon scooter. Ouf je suis sauvée! Une bienfaitrice qui va me faire sortir de mon enfer sablonneux et mouillé.
C’est reparti sur la longue mais splendide route de montagne rougeoyante. Ça glisse toujours autant. Je freine tout doucement. La route du retour me paraît très très longue. Envie d’arriver. De me télétransporter. Je n’ai pas trouvé le mode d’emploi. J’arrive pile à l’heure à l’hôtel pour réserver mon bus du lendemain. Je rends mon scooter. Je suis exténuée et rêve de dormir pendant 3 jours. J’ai des bleus partout. J’ai mal. Au diable le scooter !
Au revoir la Birmanie !
RIDEAU
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2 Comments
Waouh !! Ton article est magnifique et on ressent parfaitement la magie du moment que tu as vécu. Nous sommes nous aussi tombés amoureux de la Birmanie. merci pour ce petit voyage à Myanmar !
Merci beaucoup c’est adorable. J’ai tellement aimé ce pays…