Dernière mise à jour : 30 novembre 2017
Quand je suis partie pour mon tour du monde, j’avais déjà dans l’idée de faire un peu de volontariat. J’avais entendu parler du réseau de Woofing, mais je décidai plutôt de m’inscrire sur Helpx (25$ pour deux ans), qui permet de travailler partout dans le monde en échange du gîte, du couvert et bien sûr d’une immersion culturelle intéressante.
Le Japon, pays relativement cher de mon voyage, me parut être la bonne destination pour tenter l’expérience. Il me suffit de quelques messages échangés pour trouver mon volontariat : une semaine à la ferme biologique de Shinji !
A la découverte de la campagne japonaise en travaillant à la ferme
Après quelques jours à Tokyo et Osaka, ces deux incroyables mégalopoles, je prends la direction du nord pour la Province de Hyōgo. J’arrive par le train local à la petite gare d’Ichijima un samedi midi. Shinji vient me chercher avec son pick up tout terreux. Il parle dans un anglais quasiment parfait. Arrivée chez lui, je suis accueillie un peu froidement par sa femme Keiko, qui me prépare un déjeuner rapide. On m’annonce d’emblée que je commence à travailler l’après-midi. Le temps de poser rapidement mes bagages et me voilà en tenue des champs !
J’ai pour première mission d’épandre du compost sur des plantations. Cette première tâche n’est pas facile. Je ne maîtrise pas l’usage de la pelle et il semblerait que j’ai oublié de passer mon permis brouette. Pour couronner le tout, une pluie fine se met à tomber. Le travail est assez physique et je commence à me demander ce que je fais là, seule dans mon champ sous la pluie, avec personne à qui parler.
En fin d’après-midi, je me charge de nourrir les canards. Ce sera mon rôle matin et soir pendant mes 8 jours passés à la ferme.
Le lendemain matin, Shinji me montre comment m’occuper des poulaillers. Tous les matins, je suis ainsi chargée de nourrir les poules, leur donner à boire, nettoyer leur enclos et ramasser les œufs pondus.
Les après-midis sont consacrés à la récolte des tomates, haricots, shiso, salade etc. ou du lavage et empaquetage des carottes ramassées.
Les jours s’enchaînent et se ressemblent. J’ai pris mes marques et me suis faite à ma nouvelle routine :
7h: réveil et nourrissage des canards
7h30: petit-déjeuner fait de thé, de riz et légumes
8h: Début de la journée de travail: nettoyage des poulaillers, récolte
12h: une chanson américaine retentit dans tout le village pour annoncer l’heure de la pause déjeuner. Le temps s’arrête.
14h: Reprise du travail
16h: repos! Je peux geeker tranquillement dans la chambre des volontaires ou aller me promener sur le petites routes de campagne à vélo…
18h: Nourrissage des canards et dîner
Heureusement, après un week-end en solo, Koishi, le stagiaire de Shinji, nous rejoint. Je me sens un peu moins seule dans les corvées. Quelques jours plus tard, ce sera au tour de deux volontaires taïwanaises de rejoindre l’équipe.
Je profite de ma journée de repos pour m’échapper à Fukuchiyama, profiter du splendide Onsen de la ville. Il pleut énormément, donc je ne vois pas ce que je pourrais faire d’autre que de profiter des bains à remous. Je trouve ça drôle de me balader nue comme un ver dans le jardin, et d’entrer dans les bains chauds pour regarder tomber la pluie. L’expérience est unique. Quelques mamies japonaises m’observent, un brin interrogatives et amusées. La pluie a redoublé d’intensité. Je reste donc dans le Onsen, à profiter du restaurant et de la salle de repos équipée de fauteuils massant.
La ferme de Shinji au cœur du système japonais Tekei
Shinji est assez connu au Japon pour son approche intéressante de l’agriculture. C’est un fervent supporter du système Tekei, système qui a soutenu l’agriculture biologique dès les années 60 en prenant conscience des dangers de l’utilisation des pesticides et herbicides. Il favorise la relation directe entre le producteur et le consommateur, sans passer par des organismes intermédiaires, beaucoup plus coûteux. Le système Tekei a ainsi instauré une relation de partenariat entre producteurs et consommateurs, basée sur des liens cordiaux, la confiance et le respect mutuels, la démocratie et l’objectif commun de tendre à une agriculture biologique durable.
C’est avec passion que Shinji m’explique tout ça pendant ma semaine de volontariat. Il est fier de me parler du livre qu’il a écrit sur le sujet et des réunions avec les dirigeants locaux auxquelles il participe régulièrement.
Célèbre dans la région, il reçoit la visite de journalistes d’un magazine local. Intrigués par ma présence, il souhaite me poser quelques questions et sont ravis de me prendre en photo en train de désherber avec ma pioche. Ça n’a pas été sans me rappeler mon travail d’attachée de presse parisien et me faire sourire. Jusqu’au Japon, je suis poursuivie par les journalistes ! J

Petite séance photo pour le magazine local
Le soir, Shinji, ceinture noire de karaté, doit s’entraîner avec un ami. Je ne réfléchis pas une demi-seconde et lui demande de l’accompagner. Je suis tellement heureuse de retrouver l’atmosphère d’un gymnase et de pouvoir donner quelques coups de pied dans un pao. L’occasion était trop belle et cet entraînement salvateur !
Ces huit jours à la ferme m’ont été bénéfiques. Même si j’ai eu la confirmation que le travail des champs n’était pas vraiment fait pour moi, j’ai pu profiter de la nature, me reposer, me ressourcer et surtout avoir un rythme normal. Le volontariat permet réellement de se sentir utile et de découvrir une culture de l’intérieur, de prendre part à projet intéressant.
Quand on voyage au long cours, casser le rythme du voyageur, vraiment usant, est essentiel.
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7 Comments
Super expérience en tout cas! J’ai fait du Wwoofing en France l’an dernier et c’est vrai que ça recentre sur les priorités de passer du temps dans une ferme bio 🙂
Génial ce retour d’expérience en volontariat. Je pense qu’en effet c’est une très bonne option pour comprendre le Japon de l’intérieur. C’est toujours agréable d’être accueilli par quelqu’un qui est passionné par son travail. Nous aimons aussi beaucoup prendre une pause au cour de notre voyage et s’immerger dans les projets de la maison. Bonne continuation !
Effectivement, ce genre d’expérience est unique et permet une immersion culturelle bien différente d’un simple séjour à l’hôtel. Et puis la découverte de la campagne japonaise n’est pas forcément quelque chose d’automatique pour les touristes venants au Japon pour la première fois.
Par contre attention, il faut savoir que les autorités japonaises n’autorisent pas le woofing avec un simple visa touriste (les fameux 90 jours d’autorisation de séjour), il faut un visa spécifique pour ça. La plupart des touristes ne le savent pas et font le même type d’expérience, mais s’il vient à y avoir un contrôle, c’est risqué ! Le site internet de l’ambassade du Japon en France en parle.
salut !!
Je suis actuellement au japon et à la recherche d’une ferme pour y passer quelques mois.
Il est sur woofing,mais l’inscription est trop chère pour moi.
Pourrais je avoir le contact de Mr shinji??
Merci beaucoup
Siala Ahmed
Bonjour, je vais aller chercher ça dans mes mails. j’étais passé par Helpx. Merci de m’envoyer une demande par mail du coup.
Merci beaucoup pour ces infos !
Ton expérience est géniale et je ne savais pas que c’était possible de faire ça au Japon !
Bonne news pour mon prochain voyage !
Super! N’hésite pas à me faire un retour de ton expérience si tu parviens à faire du woofing.